Jacques Sultana à la Galerie du Passage

La Galerie du Passage-Pierre Passebon

Au milieu de la Galerie Véro-Dodat à Paris, les vitrines de la Galerie du Passage-Pierre Passebon révèlent des peintures de nus masculins, les toiles de Jacques Sultana (1938-2012). L’artiste, qui était autant discret et farouche qu’obsessionnel et minutieux, est méconnu en dehors du cercle restreint de ses collectionneurs et des experts de l’art gay. L’exposition-vente est une occasion unique de le découvrir : il faut entrer dans la galerie et s’approcher des oeuvres, qui ne mordent pas.

Rectangle Parthénon (détail)

D’intérieur et de plein-air : les toiles de Sultana se répartissent entre deux atmosphères, avec une proportion plus importante pour la première. Dans les deux situations, le sujet est l’homme, nu dans l’espace clos et vêtu de simple dans le paysage. Les oeuvres sont de petites dimensions et la technique - des huiles sur toile réalisées à partir de photos des modèles prises chez lui ou dehors par le peintre - d’une précision de miniaturiste. Façon et ambiance, on pense parfois quand on les observe de près - mais il faut toute raison garder - à Vermeer.

Fontaines au Trocadéro I

Les garçons sont beaux et les sexes au naturel : l’homoérotisme est intense. Mais qu’il y eût tout pour générer du kitsch et du vulgaire, ce n’est pas ce qui s’opère et l’ensemble dégage une sérénité classique inattendue, portée par la tranquillité heureuse des modèles - moins d’une dizaine qu’on retrouve de toile en toile - qui prennent la pose, hier pour le peintre, aujourd’hui pour le spectateur, avec cette candeur infernale...

Mur de modèles

Alors, à l’image de la teinte mordorée que Jacques Sultana devait aimer et qui imprègne chacun de ses tableaux, c’est une ode à l’âge d’or qu’on ressent rayonner. Une époque étonnament atemporelle d’ailleurs - la plupart des tableaux ont été réalisés autour de 2005 mais semblent d’un temps antérieur, les années 70 - où les cheveux sont souvent longs et les pattes, quand il y en a, d’éléphant.

Jacques Sultana, adolescent, avait été chassé de sa famille à la révélation de son homosexualité. Ses garçons affirment une présence au monde dans le bonheur solaire de la jeunesse, de la forme, de la disponibilité et de l’insouciance. À l’équilibre. Faites-en ce que vous voulez.

Éric (détail)

Jacques Sultana

Galerie du Passage-Pierre Passebon / 20 Galerie Véro-Dodat, 75001 Paris

du 23 mars 2022 au 21 avril 2022

L’exposition est accompagnée d’un beau catalogue (40€)

Le texte ci-dessus ne reflète que mon avis personnel

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